Christophe de Fierlant, voilà bien un artiste belge contemporain qui ne manque pas de ressources plastiques. Après avoir été, il y a bien longtemps, mon auditeur, lorsque j’enseignais l’art moderne à l’Institut Supérieur d’Archéologie et d’Histoire de l’Art de Bruxelles, Christophe de Fierlant a tout observé à propos de l’art contemporain. Mais il a fait ses choix : divertir l’œil du contemplateur à travers un caléidoscope de formes, de lumières et de contrastes colorés, où s’inscrivent souvent des textes de son cru. Poète de surcroit, l’artiste n’a pas son pareil pour faire apparaitre toutes les liaisons et les oppositions entre polychromie et signes graphiques. Ainsi, depuis des débuts d’abord figuratifs et presque totémiques, il confronte formes et contrastes de couleur. De là, ses débuts redevables à des artistes comme Dubuffet et d’un certain art brut. Puis, au-delà de la figuration, Christophe de Fierlant, se sent enivré par la couleur, cette fois délivrée de toute représentation. Il réalise alors d’audacieuses abstractions gestuelles, qui évoquent les grands maîtres de l’expressionnisme abstrait comme le français Georges Matthieu ou le belge Englebert Van Anderlecht. Toujours averti des mouvements novateurs, Christophe de Fierlant poursuit ce qui semble l’obséder : la combinaison de la forme et de la couleur, avec des inscriptions verbales venues de son inspiration poétique. Son déploiement plastique lui a été donné lorsqu’il a accompli son chef-d’œuvre actuel, en quelle sorte son Guernica « abstrait », « Où en est la bataille ? », une toile de plus de douze mètres sur trois, qui balaie des formes polychromes au travers d’une rythmique gestuelle absolument maîtrisée, un véritable magma volcanique et quasi éjaculatoire, installé actuellement à la Ferme de Mont Saint Jean à Waterloo. Un tel peintre devrait être reconnu parmi nos meilleurs artistes belges contemporains ! Le démontrent bien, les commentaires avisés de sa biographe dans le présent ouvrage.